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"Autour d'écrire" de Philippe Raulet |
Ces notes sont tirées de «Vues», journal tenu lors d’une résidence à Salins-les-Bains, en Franche-comté, où j’ai séjourné par périodes en 2003 et début 2004. J’en ai extrait ici les passages se rapportant au travail d’écriture et à la naissance d’un nouveau roman, en chantier maintenant. J’ai gardé l’indication des dates pour scander ces lignes et les aérer.
«Vues» a paru en 2005 dans la revue Verrières du Centre Régional du Livre de Franche-Comté, précédé de «Comme une surprise, à propos de Philippe Raulet», écrit par Anne Luthaud, romancière.
Lundi 12 mai 03
Il est question de liberté. Je parle d’écrire, tenter d’écrire. M’octroyer la liberté de. Un peu de liberté de. A regagner à chaque fois. Repartir de rien ou de pas grand chose.
A chaque fois la même chose : quelle forme me donnera le plus de liberté pour évoquer ce que je pressens qui veut s’évoquer ? Où va se situer - comme un réalisateur se demande où il va placer sa caméra - la voix qui parle pour se donner une chance de se risquer ?
Et à chaque fois - aussi - la même chose : pas de réponse par avance. D’instinct prendre pour commencer une direction, un ton, et puis, en route !... La forme d’un texte se cherche en l’écrivant (en s’écrivant... en s’l’écrivant...). C’est vers la fin qu’il montre son visage, se révèle en perspective, dévoile des arrière-plans. Mais parfois rien ou pas grand chose. Il ne décolle pas, ne vibre pas.
Un ordre préalable tue, me tue, «me tait» dans l’œuf.
Etat des lieux, les miens : période d’entre deux romans. À supposer que quelque chose d’autre naisse. Période de désœuvrement. Au sens : être privé d’œuvre. Plus familièrement dit : «en manque». De quoi, précisément ? D’un état où l’on se sent pris par le texte. L’entre deux est la cuisine de l’attente. On guette. On guette.
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