|
Olivia Rosenthal |
|
|
Un extrait des Fantaisies a été traduit en anglais dans le dossier «To my american readers», à charger sur la page du site http://www.villagillet.net/
J.H., le personnage central des Fantaisies spéculatives, est écartelé entre son inscription dans les traditions juives et de subites envies de s’émanciper de ces rituels ancestraux. Ne sachant trop que faire de son éducation, mais ne sachant pas non plus faire sans, il est traversé de discours contradictoires, mis en péril par une série de dilemmes plus concrets que métaphysiques. Chaque chapitre s’ouvre sur un précepte de l’Ancien Testament, pour mieux le mettre en porte-à-faux. En tout, dix commandements tirés de l’héritage du judaïsme, qui vont donner lieu à d’insolentes applications transgressives, des détournements de sens jouissifs, des contre-pieds sarcastiques ou incongrus.
|
|
|
Butant contre tel ou tel interdit, J. H., ce biologiste à la rationalité désarmante de naïveté, ce mari tout bêtement amoureux, ce fils pas du tout indigne, ce juif ni pratiquant ni assimilé, cherche des solutions existentielles si simples qu’elles vont, peu à peu, l’entraîner dans d’extrêmes complications familiales, professionnelles, sexuelles. Dès lors, il en devient, presque malgré lui, un Candide moderne livré aux aléas rocambolesques de son rapport fluctuant à l’identité juive. En chemin, il s’imaginera éleveur de porcs chez sa mère, hésitera à changer de sexe, à commettre quelque inceste, à adopter un protégé palestinien, à ruiner sa carrière universitaire, autant d’aventures qui l’aideront à distinguer la judaïté normative dont il a hérité de celle, si difficile à définir, qui lui appartient en propre.
Par les voies détournées d’un art littéraire de la désobéissance, Olivia Rosenthal met, dans ce roman, les pieds dans le plat d’une question à la fois chargée d’affects personnels et d’actualité brûlante: le repli communautaire.
|
|