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C’est la vie d’Alain Gerbault – as de l’aviation de 1914-18, tennisman international, navigateur légendaire –, presque entièrement "visionnée", qui sert de fil conducteur à ce livre, mais il n’y est jamais nommé, pour éviter le malentendu, pour qu’on ne prenne pas ce roman pour une biographie historique.
Un chavirement a fait de ce héros un homme sans feu ni lieu, un mendiant qui va mourir au fond de l’Océanie. C’est l’histoire d’une fuite, d’une perdition, loin d’un Occident honni, à la recherche, mortelle, d’une grandeur native de l’Humanité qu’il a cru trouver en Polynésie. Quand avons-nous commencé à être morts ou de quand date l’intolérable aujourd’hui ? Peut-être de ces lointaines et très proches trente années, entre les deux guerres mondiales, où les destinées chaotiques, l’ambition, l’illusion, le désespoir, font miroir à ce que nous sommes devenus. Jean Delabroy a fait un roman-monde, un plein d’aventures, de ciel et de mer, de guerre et d’exil, un plein d’années et d’espaces: mais l’essentiel est moins dans l’amplitude que dans la profondeur, moins dans les aventures que dans leurs résonances multiples. C’est l’âme aussi qui est un monde, sur des chemins bouleversés, impossiblement spirituels. Écrit dans la révérence de Conrad, Melville et Faulkner, Dans les dernières années du monde cherche les rythmes et les voix qui font entendre, sous les personnages multiples, la
continuité anonyme du vivant : "Si j’étais Dieu, j’aurais pitié du coeur des hommes", ce mot de Maeterlinck a hanté l’auteur pendant les six années de rédaction de ce texte. |
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