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Pierre Pelot |
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Charlie et Diên -vétéran de la guerre d'Indochine - forment un singulier duo de bûcherons. Ils sont les seuls à accepter de travailler dans une zone de coupe dangereuse, un lieu-ditsurnommé le Cul de la Mort. Cet endroit est en outre redouté pour les horreurs qui y furent commises lors de la seconde guerre mondiale. Il règne dans ce lieu, hanté par une mémoire douloureuse, un silence oppressant. Les deux hommes vivent et travaillent là dans une perpétuelle tension. Le danger que représente leur labeur et la violence qui émane de leurs êtres créent une atmosphère lourde, presque insupportable. Leur solitude va être rompue par l'apparition étrange d'une jeune femme.Est-ce la fameuse Dame de la Mort qui, selon Diên, apparaissait à certains soldats en Indochine ? Est-elle réelle, humaine ou n'est-elle qu'une illusion ? Elle semble avoir marché longtemps dans la forêt. Ni sa tenue légère, ni les chaussures à talons qu'elle porte à la main n'indiquent qu'elle l'a fait par choix. Elle est couverte de griffures, d'égratignures ; ses pieds sont à vifs. Alors qu'épuisée, elle s'endort, non sans avoir dévoré la nourriture offerte par les deux hommes, ceux-ci, embrasés par cette inattendue présence féminine, vont alors se défier. Le drame éclatera, entraînant Charlie et Diên dans un affrontement paroxystique.
Pierre Pelot a le talent d'un Josephn Conrad ; et cette Forêt muette la force de Au coeur des ténèbres. Il est rare de trouver chez un auteur une telle maîtrise dans la construction de l'horreur. La tension ne cesse de monter et le suspens de rebondir. L'étrangeté du lieu, les peurs ancestrales qui se rattachent à la forêt oppressent les personnages ; et le lecteur assiste, littéralement fasciné, à un voyage au coeur de la folie. Quel sera le sort inéluctable réservé à cette jeuen femme ? Qui de Charlie ou de Diên a cédé à une pulsion sexuelle et meurtrière ? Ce n'est qu'à la toute dernière ligne que le lecteur saura ; auparavant il aura été embarqué dans un dédale de chausse-trapoes et de faux-semblants. Le livre terminé, s'impose alors l'envie de le relire pour tenter de saisir comment et où Pierre Pelot a su si bien nous égarer dans sa forêt muette. |
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