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Régis Jauffret |
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Pas de complaisance ni de pathos dans ce roman que Régis Jauffret a construit comme l’exact contre-pied des pérégrinations urbaines traditionnelles faites de mystères enivrants ou désolants, de splendeurs lunaires, de méditations ou de recherches des plaisirs.
La narratrice de Promenade est sans nom, sans histoire. Elle déambule dans le “ grand désert architectural ” qu’est une ville. Ce pourrait être New York ou Paris, ou la synthèse des deux.
Elle marche, errant sans but, voilà tout ce qu’on sait d’elle. Elle ne travaille plus depuis quelque temps déjà, vit dans un petit appartement, sans compter les jours, ni l’argent, ni les hommes.
Au cours de ses errances quotidiennes, elle rêve d’existences qui ne sont pas la sienne. Il lui arrive même d’imaginer qu’elle pourrait se marier, avoir des enfants, passer des jours tranquilles au milieu des siens.
Mais chacun de ceux qu’elle rencontre durant ses promenades sont les simples passants de la vie qu’elle sillonne. Et ses déambulations lui rappellent inexorablement le hiatus entre ses rêveries et son médiocre quotidien. Les moments oniriques sombrent dans un néant contemplatif où l’évasion se fait disparition et le fantasme mille morts. Elle est un cœur vide et béant, un cœur qui espère être comblé plutôt que traversé. Elle se demandera au cours d’une nuit d’insomnie comment faire pour se suicider sans mourir, pour éviter la vie sans subir cette épreuve supplémentaire. Elle voudrait s’arrêter un jour, croître dans la paix, sans affronter les interstices bruyants du monde.
Elle attendra toute une nuit un homme dans un hall d’hôtel, un homme qu’elle ne désire pas. Elle l’attendra parce qu’il est l’un des derniers noms encore disponible sur son carnet d’adresses. Elle tentera de se lier avec une femme des rues qui ne lui dira pas un mot. Elle vivra plusieurs vies dans un salon de coiffure où elle est entrée pour dérouter sa marche.
Elle s’épuisera et épuisera tout autour d’elle dans sa quête existentielle, jusqu’au jour où…
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