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Clément Ribes |
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« Le visage de Jérémie était si insaisissable qu’on l’aurait dit en permanence nimbé d’une brume ou d’un brouillard : je tentais parfois de photographier cet homme sur le vif, mû par une forme d’urgence à garder des traces, des preuves. Le résultat était toujours décevant, quand il n’était pas un échec en bonne et due forme — le visage n’était pas complètement flou, mais quelque chose de sa physionomie échappait, il y avait sur ses joues, ses lèvres (sans parler des yeux), comme un tremblement léger qui empêchait qu’on reconnaisse tout à fait Jérémie, et quand je croyais le prendre en photo, je ne prenais en réalité que le tremblé de son absence. »
En se remémorant les moments vécus avec un ancien amant, le narrateur tente de percer le mystère de Jérémie. Qui était cet homme qu’il ne connaissait pas vraiment, et qu’il a aimé, peut-être ?
"Jérémie's face was so evanescent that he constantly appeared as shrouded in a mist or fog: I tried at times to photograph this man on the fly, driven by a kind of urgency to keep traces, evidence. The result was always disappointing when it wasn't a complete failure — the face wasn't entirely blurry, yet something about his features would escape me, there was on his cheeks, his lips (not to mention his eyes), a slight tremor, which would make it impossible to fully recognise Jérémie, and when I thought I was taking a picture of him, I was really only capturing the shudder of his absence."
While recalling the times he spent with a former lover, the narrator attempts to uncover the mystery of Jérémie. Who was this man he did not really know, and whom he perhaps loved once?
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