Paru le 28 Févr. 1998
ISBN 2-84335-098-0
414 pages
20.58 euros
 
  Éloge posthume de ma femme encore vivante
 
   
DU MÊME AUTEUR
AUX ÉDITIONS VERTICALES


La Fille du grand rabbin de l'éternité
  Manz’ie
  Ce dix-septième roman de Manz'ie prend son point d'appui sur le drame de la vie de Luigi Pirandello (sa femme Antonietta sombra dans la folie et fut internée en 1919). Ce parcours littéraire trace son chemin à partir de la figure légendaire de l'un des plus grands écrivains et dramaturges italiens (Prix Nobel 1934) et développe sur un plan romanesque la thématique pirandellienne qui se fonde sur l'illusion des rapports humains. Selon Pirandello notre personnalité étant un conglomérat de traits contradictoires, nul ne peut se connaître soi-même, et nul ne peut se faire une idée simple, logique et juste d'autrui. Croire connaître l'autre est une illusion.
Cette illusion est générale et la littérature dont le principe est la fiction, c'est à dire le mensonge, transpose en paroles et en situations la réalité et ne peut en donner donc une image vraie. Ou bien l'auteur l'invente ou bien ses personnages lui échappent pour s'inventer sa propre réalité.
L'humain n'est pas doncs suseptible de vérité.
D'ailleurs le roman de Manz'ie s'ouvre par ces mots en exergue : Mentir jusqu'à la vérité puis pousser la vérité au mensonge donne le point d'être des errances individuelles...

Georges Piroué, nous a fait le grand honneur d'être l'auteur du texte de la quatrième de couverture, texte qu'il a spécialement écrit pour témoigner de son admiration commune pour Pirandello et pour Manz'ie dont il fut l'éditeur chez Denoël.
Lui se nomme Pirandell, sans o final ; elle Antoniett, sans a final. Cela sonne moins comme un nom que comme un signal sonore. Car il ne saurait s'agir ici d'une biographie du grand écrivain sicilien et de son épouse, puisée aux meilleures sources de leur histoire.
Pourtant, comme la tradition le veut, ces deux personnages s'affrontent et se déchirent : la femme est folle de jalousie, l'homme rendu fou par cette folie. Mais tandis que Pirandello a intellectualiséce drame dans ses écrits, Manz'ie rejette toute identification "pronominale" (comme il dit) de ses personnages.Il ne veut en aucune façon de leur emprisonnement dans le langage grammatical. Il cherche au-dessous, en profondeur, dans le non-identifiable de chacun. Ce faisant, il semble vouloir parler hors des règles du discours. Il invente une forme, sa propre forme qui oscille entre l'incertain et le fulguration, atteignant ainsi l'errance au sein d'une situation fantasmagorique à quelque chose de plus vrai et de plus pathétique qu'une simple biographie attestée par les documents.
Pirandell et Antoniett ne sont pas les seuls à subir avec succès semblable traitement à l'aide d'un outillage nouveau : tous les rivages de Méditerranée sont concernés.
Alors se découvrent à la fois la nuisance fondamentale de la désignation langagière, sa tyrannie inhumaine psychologique, sociale et rhétorique et l'infinie richesse anarchique de l'informel mouvant, magma sur quoi reposent nos vies et nos sociétés.
Manz'ie nous met au monde dans un nmonde infra-monde.

Georges Piroué