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Noémi Lefebvre |
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« J’affichais une sérénité que j’admirais de l’extérieur, je suis forte comme fille, je me disais dans l’avion, d’afficher une sérénité si sereine, n’en revenais pas de me voir aussi paisible, quasiment paissant et non pas hurlant comme une vache dont on aurait prélevé le veau, qui n’aurait que ses pauvres sentiments bovins maternels, l’un n’empêche pas l’autre, pour meugler à mort et personne pour lui répondre. Je lisais donc en paix apparente ces fameuses lettres de Theodor W. Adorno à Thomas Mann et réciproquement, tandis que ma sœur avait les yeux fixés sur les aérofreins et me racontait des histoires de pilotage, de puissance masculine et de folie volante. »
Ciselé à la virgule près, ce roman égrène les souvenirs d’un récent séjour à Berlin hanté par la figure du compositeur Schönberg et son « esprit de résistance ». L’autodérision et le désenchantement y expriment une conscience aiguë des occasions manquées, sans éteindre cependant l’énergie contagieuse du désir.
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Très belle interview sur le site fluctuat.net.
>>> L’autoportrait bleu has been translated into English by Sophie Lewis [Les Fugitives, London, UK, 2017] |
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